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L'enfant intellectuellement précoce

 

L’enfant précoce ou intellectuellement précoce était auparavant appelé « surdoué ». Le terme peut paraître prétentieux mais est plus correct : Un enfant surdoué n'est pas seulement en avance dans ses apprentissages ; son intelligence n'est pas seulement en avance. C'est un enfant qui est né différent (d'où le mot « doué ». Il a reçu comme un don, une différence innée, génétique). C'est aussi un enfant qui a quelque chose de « plus » et même en « trop », un enfant qui est « plus », qui est « trop ». Le préfixe « sur » est donc tout à fait justifié. Un enfant surdoué ou précoce a une intelligence supérieure, mais il a souvent des compétences plus ou moins hétérogènes. Il a aussi une intelligence différente et un mode de fonctionnement spécifique. Il est différent ; sa façon de raisonner, de comprendre le monde est différent. Son affectivité est différente. Ce qui le caractérise surtout, c'est l'excès. Beaucoup d'enfants sont intelligents, critiques, sensibles, anxieux. Les enfants précoces le sont plus, le sont trop, parfois de façon envahissante. On peut penser que l'enfant précoce a la chance d'être très intelligent et ne doit donc pas avoir de problèmes à l'école. C'est une erreur. Certains vont bien, ce sont de bons élèves, concentrés, heureux à l'école et adaptés. D'autres, notamment les garçons, ne sont pas des enfants épanouis ni des élèves en réussite. La précocité intellectuelle peut être un handicap, scolaire et affectif.

 

33 % de ceux qui ont un QI supérieur à 130 redoubleront dans leur scolarité. Au-delà de 140 de QI, c'est 50 %.

  

Plusieurs causes entraînent l'enfant surdoué vers l'échec et le décrochage scolaire :

  

On sait que l'ennui peut expliquer pourquoi l'enfant précoce ne trouve pas de sens à l'école. Il n'a pas besoin d'écouter parce qu'il sait déjà : ça va trop lentement pour lui. Pendant les corrections, il attend. Son travail est juste, il n'a rien à corriger. L'enseignant ne l'interroge pas ou très rarement par ce qu'il préfère vérifier que les élèves en difficulté ont compris. L'élève précoce se désintéresse de l'école, perd l'habitude d'écouter, de faire des efforts. Mais il n'y a pas que ça :

 

L'enfant précoce est surtout très peu sûr de lui, il baisse très facilement les bras, abandonne. Pas seulement parce qu'il n'a pas le goût de l'effort, surtout parce qu'il n'a pas confiance en lui: Il a pris l'habitude d'apprendre et de comprendre facilement et rapidement. Par exemple, il a appris à lire en quelques mois, parfois avant l'âge de quatre ou cinq ans. Alors, devant un exercice un peu difficile, il perd ses moyens. Il ne sait pas qu'il faut parfois faire des efforts et prendre du temps pour réussir un travail. Un enfant normal sait qu'il faut réfléchir, s'accrocher et qu'on finit par y arriver. Lui ne sait pas que c'est normal de ne pas pouvoir tout réussir tout de suite. Alors, à chaque nouvelle difficulté, il va se dire qu'il n'est pas capable, qu'il est bête, qu'il est nul. Arrivés à la fin du primaire, ces enfants sont persuadés de ne pas être intelligents. Quand je leur explique qu'ils sont au contraire très intelligents, ils ont du mal à le croire.

 

On a là les deux causes principales de l'échec scolaire de ses enfants : le manque de motivation et le manque de confiance en soi. Pour les aider à réussir, il faut prendre en charge ces deux problèmes :

  

* La motivation s'améliorera si le travail devient plus intéressant : on peut épargner à l'élève précoce des exercices de révision, lui demander d'aider les autres enfants, lui proposer de préparer un exposé sur un sujet qui l'intéresse et si nécessaire, lui faire sauter une classe.  Il faut aussi lui montrer, parents et professeurs, qu'on s'intéresse à lui, qu’on souhaite qu'il réussisse, qu’on est fier de ses progrès, de ses efforts. C'est un enfant qui accorde une place essentielle à l'affectif. Les encouragements sont la meilleure motivation pour lui.

  

* Pour qu'il reprenne confiance en lui, il faut lui expliquer et lui répéter souvent qu'il a l'illusion de ne pas être capable et que ce n'est qu'une illusion. Il n'a juste pas compris qu'apprendre peut demander des efforts et du temps.

  

La première difficulté rencontrée à l'école survient souvent lorsque l'enfant commence à apprendre à écrire en cursive. Cet apprentissage demande de l'entraînement ; un enfant ne peut pas le maîtriser rapidement. Pour certains, c'est insupportable. Ils prennent l'écriture en grippe. C'est pourquoi on a autant d'élèves précoces qui écrivent comme des "cochons". Ils n'ont pourtant pas de troubles moteurs. Ils ont juste appris à écrire en étant crispés, énervés, découragés.

  

D'autres spécificités de la précocité intellectuelle peuvent perturber la scolarité :

  

* Les enfants précoces utilisent préférentiellement leur hémisphère droit, celui de l'émotion, de l'intuition, du traitement visuo-spatial et du mode simultané, global, synthétique. Ce sont des enfants qui peuvent penser à plusieurs choses à la fois, passer très vite d'une idée à l'autre ; ce qui explique que leurs pensées dérivent facilement. Certains ont beaucoup de mal à rester concentré, à écouter l'enseignant, surtout s'ils ne sont pas intéressés. Ils ont du mal à être attentifs mais ce n'est pas pathologique chez eux, c'est leur mode de fonctionnement. Il y a par contre des enfants surdoués qui ont un vrai trouble de déficit attentionnel.  Pour réussir à l'école, l'hémisphère gauche est nécessaire. C'est celui qui est dévolu au langage, au traitement séquentiel, élément par élément. Il permet d'analyser, de s'organiser pour faire un travail étape par étape. Les enfants précoces ne sont pas toujours à l'aise dans ces domaines, surtout les garçons qui utilisent moins leur hémisphère gauche que les filles. Ils peuvent avoir du mal à s'organiser pour structurer une production d’écrit : ils ont plein d'idées mais n’arrivent pas à les mettre en ordre. Cette prédominance du cerveau droit explique aussi pourquoi il y a davantage de gauchers et de dyslexiques chez les enfants précoces que chez les enfants d'intelligence normale. Gauchers parce que l'hémisphère droit commande le côté gauche du corps. Dyslexiques parce que le langage oral et écrit est en grande partie géré par l'hémisphère gauche.

  

* Enfin, l'enfant précoce est hypersensible, très critique et lucide, ce qui le rend anxieux et peu sûr de lui. Il est susceptible, même s'il ne le montre pas. Une remarque, un reproche vont le toucher et le marquer. Sa mémoire est excellente et il n'oubliera pas ce qu'on lui a dit. Une remarque même anodine peut lui trotter longtemps dans la tête. Cela fait de lui un enfant fragile, aux relations parfois difficiles avec ses camarades et ses professeurs. Pour peu qu'il ne soit pas bien dans sa peau, qu'il soit contrarié, qu’il vive des situations délicates à la maison ; il ne peut plus réfléchir. Chez l'enfant précoce, l'affectif et l’émotionnel sont encore plus surdimensionnés que l'intelligence. L'émotion prend facilement le dessus et un enfant surdoué émotionnellement perturbé ou préoccupé ne peut pas être disponible pour réfléchir sur du travail scolaire.

 

Il faut être très vigilant avec ces enfants, ne pas oublier que la précocité intellectuelle est souvent compliqué à vivre.

 

Pour plus d'informations, mon site sur la précocité : http://surdoues-precoces.e-monsite.com/

 

 

Je conseille la lecture du livre de Jeanne SIAUD-FACCHIN « L'enfant surdoué » ainsi que le site belge douance.be : www.douance.be/

 

Guide EIP Education Nationale :

www2.ac-lyon.fr/etab/ien/rhone/ash/IMG/pdf/livret_EIP_9-09-2010.pdf

 

Livret de suivi de l'enfant précoce : Livret eip dernierLivret eip dernier (605.82 Ko)

 

Des livres pour les enfants précoces

 

"TOI  QU'ON  DIT  SURDOUE" de Claire GRAND : il est destiné à expliquer aux enfants de plus de 9-10 ans, ce qu'est la précocité intellectuelle afin qu'ils comprennent et acceptent cette différence.

 

Toi qu on dit surdoue

 

 

 

"JOURNAL D'UN JEUNE SURDOUE" de Claire GRAND : un petit livre pour les enfants à partir de 6-7 ans. Il raconte, sous la forme d'un journal intime, en quoi consiste la précocité intellectuelle.

 

Couverture du journal d un jeune surdoue

 

 

* "Echanges autour du haut potentiel - Volume 1 : Enfant précoce... Explique-moi qui je suis" de Claire GRAND, L'Harmattan 2016. A partir de 8 ans.

Sous la forme de dialogues qui reprennent ce que j'entends en consultation, je réponds à des questionnements liés aux problématiques de la précocité intellectuelle.

 

Tome1