La motivation

 

Des recherches ont démontré que ce qui conditionne le plus la réussite scolaire n’est pas le niveau intellectuel, mais la motivation qui permet les efforts nécessaires. La motivation est une condition essentielle à l’apprentissage. C’est ce qui pousse l’élève à travailler. Etre motivé consiste à avoir envie de s’engager et de persévérer dans un processus d’apprentissage qui demande des efforts et suppose un risque d’échecs et de déceptions. Apprendre est difficile et ne peut pas se faire sans motivation. De plus, la mémoire fonctionne mieux lorsqu’il s’agit d’apprendre une leçon intéressante, quand l’élève est motivé par le contenu du cours et désireux de réussir. C’est la mémorisation qui découle de la mémoire épisodique. Elle passe par l’émotion, l’affectif et le plaisir.

 

La motivation repose sur trois perceptions :

 

* La perception que l’élève a de sa compétence : si l’enfant ne se sent pas capable de réussir, s’il n’a pas confiance en lui, il sera difficilement motivé pour faire les efforts nécessaires. L’élève motivé se pense capable de réussir.


* La perception que l’élève a de la valeur d’un apprentissage : il ne peut apprendre que si cela a du sens pour lui, s’il apprend des choses qui l’intéressent et s’il sait à quoi cela va lui servir.


* La perception du contrôle que l’élève exerce sur un apprentissage : il ne peut pas être motivé s'il pense qu’il ne contrôle pas ce qu’il apprend et qu’il n’a aucune responsabilité dans ses réussites ou ses échecs.

 

La motivation extrinsèque a une cause externe. L’enfant n’est pas intéressé par ce qu’il apprend, mais par les bénéfices qu’il peut retirer de ses efforts : avoir une bonne note ou un compliment, éviter une punition. La motivation intrinsèque a une cause interne. L’enfant est motivé par l’apprentissage lui-même. Ce qu’il apprend l’intéresse. C’est cette forme de motivation qu’il faut avant tout essayer de favoriser.

 

De nombreux chercheurs, penseurs ou pédagogues se sont penchés sur la question de la motivation et ont apporté des réponses. Parmi les plus connus :


* Le philosophe suisse Jean-Jacques Rousseau (1712 - 1778) avait compris, déjà à son époque, qu’on ne peut pas faire apprendre ce qui n’intéresse pas. Autrement dit, pour qu’un apprentissage soit durable, il faut que l’élève soit intéressé par cet apprentissage. Le premier ouvrage sur la motivation est son essai « L’Emile ou de l’éducation ». Il narre l’aventure d’Emile qui n’arrive pas à apprendre à se repérer dans un bois, jusqu’au jour où son maître le perd délibérément dans ce même bois alors qu’il est affamé. Son envie de rentrer manger va le motiver pour apprendre à se repérer. Le désir de se nourrir est détourné vers un désir d’apprendre. Les pédagogues se sont ensuite inspirés de ce principe pour faire désirer à un enfant ce qu’il ne désire pas, en prenant appui sur ce qu’il désire. Par exemple, lui donner envie d’apprendre l’orthographe, la conjugaison et la grammaire en s’appuyant sur son désir de réaliser un journal scolaire.


* Le pédagogue, médecin et psychologue belge Ovide Decroly (1871 - 1932) a mis les centres d’intérêt au cœur de ses principes pédagogiques. Pour lui, il fallait « mettre un intérêt à la base de tout ce que l'on donne à l'enfant. L'intérêt éveille l'attention maximale ». Il est à l’origine de pédagogies nouvelles et de la méthode globale d’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Il préconisait une école qui permette à tous les enfants de s’épanouir et de se préparer à leur vie future. Pour cela, l’enfant doit apprendre à agir et s’exprimer, non pas rester immobile et silencieux comme dans les écoles traditionnelles de l’époque. Il parlait d’une « école dans la vie ».


* Le pédagogue et instituteur français Célestin Freinet (1896 - 1966) fait de « l’intérêt à apprendre » un principe de sa pédagogie : il faut donner envie d’apprendre. La pédagogie Freinet repose sur l’expression libre des enfants et la coopération. Elle a été mise en œuvre dans l’école qu’il a fondée à Vence en 1935. Il faisait travailler les élèves à partir de situations authentiques : journal de classe, plan de travail, correspondance, production de textes libres, imprimerie, enquêtes, coopération, individualisation du travail et autonomie. Les élèves se répartissaient les tâches eux-mêmes. Autonome, l’élève était acteur de ses apprentissages. Cela s’appelle « la pédagogie du projet ». Le « mouvement de l’école moderne » rassemble aujourd’hui les enseignants qui s’inspirent de la pédagogie Freinet.


* Le pédagogue et professeur d’université français Philippe Meirieu (né en 1949) a travaillé également sur la motivation. Il reprend les idées des grands pédagogues et souhaite le développement d’une pédagogie nouvelle.


* L’enseignant québécois Roland Viau (né en 1954) a écrit également sur la motivation en milieu scolaire. L’élève peut s’engager dans un apprentissage s’il se sent capable de le réussir et s’il sait en quoi il va lui être utile. L’élève doit d’abord réussir pour être motivé. Cela lui permet de s’engager dans de nouveaux apprentissages qu’il sera certain de réussir.

 

Le manque de motivation peut avoir pour origine :

 

* La peur de l’échec.


* Le déterminisme social : dans les familles dont les parents ont suivi avec succès des études valorisantes et qui exercent une profession intellectuelle, il est évident pour tous, parents comme enfants, que ces derniers peuvent et doivent réussir à l’école. Viendrait-il à l’esprit d’un médecin que ses enfants puissent être en échec scolaire ? C’est évident pour lui qu’ils n’auront pas de problème d’apprentissage. Ses enfants sont donc portés par cette évidence. Dans ces familles, c’est normal de réussir à l’école, on ne se pose même pas la question. De plus, ces enfants peuvent compter sur leurs parents pour répondre à leurs questions, les aider pour les devoirs, ce qui renforce aussi leurs chances de réussite. Au contraire, dans les familles défavorisées, les parents n’ont pas eu, la plupart du temps, un vécu positif de l’école, ils n’ont pas été en réussite scolaire. Pour eux aussi, il y a une évidence, même s’ils ne l’expriment pas, même s’ils n’en ont pas conscience : leurs enfants sont comme eux, il est presque normal qu’ils ne réussissent pas à l’école. Ces parents espèrent que leurs enfants soient de meilleurs élèves qu’eux et pourquoi pas de bons élèves. Mais, au fond d’eux, ils n’y croient pas ou n’osent pas y croire.


* La précocité intellectuelle qui mêle ennui, manque d’assurance et manque de goût pour l’effort.